Notre séjour au Rwanda – juillet 2023

Nous sommes actives au Rwanda depuis nos débuts en 2013 et notre comité s’y est rendu en 2015, avec comme objectif le suivi de nos actions dans le village que nous soutenons, Kagina.

Notre souhait était d’y retourner rapidement mais le Covid nous a stoppées dans nos projets. Enfin, en juillet 2023, accompagnées de nos familles, nous avons pu rejoindre le pays des mille collines.

L’aventure commence le 8 juillet et c’est au milieu de la nuit suivante que nous atterrissons à Kigali. Notre séjour alternera entre visites à Kagina et (re)découverte de ce magnifique pays.

La capitale, bruyante, moderne et animée, contraste avec la campagne, verte, luxuriante, vallonnée, à la terre ocre et aux petites maisons plus traditionnelles.

Mais partout, on croise une grande population qui se déplace le long des routes, le plus souvent à pied ou à vélo, transportant d’énormes cargaisons de fruits, légumes ou matériel divers, ce qui oblige les cyclistes à pousser les vélos dans les côtes et à les retenir dans les descentes, un travail harassant.  Des mamans marchent, leur bébé dans le dos et une charge sur la tête, des enfants sortent des maisons en courant pour nous faire des signes, d’autres se rendent au puits, des hommes rejoignent leur travail.

Ce premier matin, en nous rendant à Kagina avec Jean-Pierre, notre partenaire sur place, nous apprécions un accès plus facile, une partie de la route ayant été goudronnée. Beaucoup de nouvelles constructions également. En chemin, nous nous arrêtons chez Manasseh, un autre de nos partenaires, pour déposer tous les vêtements et le matériel que nous avons amenés.

En arrivant à Kagina, nous reconnaissons à peine le centre du village. Mais nos deux bus, eux, ne passent pas inaperçus et les Blancs qui en descendent non plus. L’accueil est joyeux, les enfants curieux, les sourires chaleureux…. Et c’est avec plaisir que nous saluons Jean-Felix, jeune habitant de Kagina qui a fini ses études et est maintenant actif dans le développement du village.

Avec nos hôtes et une ribambelle d’enfants autour de nous, nous visitons la boulangerie et goûtons les petits gâteaux tout chauds, rencontrons nos filleul.e.s et discutons avec les villageois. Nous nous essayons également aux danses traditionnelles avec plus ou moins d’aisance. Puis nous nous déplaçons à quelques kilomètres de là, à l’endroit où la construction de la ferme que nous avons financée en partenariat avec la FICD a débuté depuis peu. Quelle joie de voir le chantier qui va bon train après de longs mois d’élaboration de dossier.

Les jours suivants, nous profitons également de visiter Kigali, ville de 1,5 million d’habitants qui s’étend sur de nombreuses collines et nous fait toujours penser que nous allons arriver à l’hôtel bientôt, juste après cette côte… ou peut-être la suivante ? Nous nous rendons au marché, à travers des dédales de petites échoppes ou au milieu des pyramides de pommes de terre. Au marché artisanal, nous refaisons le stock de petits objets, décorations et autres souvenirs pour vendre en Suisse lors de nos manifestations.

Nous ne pouvons pas quitter la capitale sans passer par le Mémorial du Génocide, un moment bouleversant qui nous permet de faire mémoire de la tragédie vécue par tant d’hommes, de femmes et d’enfants en 1994. « Se souvenir pour ne plus jamais revivre ça. » est-il écrit.

Les trajets en bus nous enchantent et nous font traverser le pays, longer les cultures de thé ou de manioc et les bananeraies, nous émerveiller des paysages, nous réjouir de la propreté du pays.

Au Nord, à Musanze, nous nous approchons des volcans et du parc des gorilles et nous découvrons la beauté des lacs Jumeaux ; plus au sud, les vaches Inyambo. A Gyseni et Kibuye, le lac Kivu nous impressionne par sa grandeur et lors d’une balade en pirogue nous découvrons des endroits magnifiques. Tout à l’est, à la frontière de la Tanzanie, nous visitons le parc national de l’Akagera avec ses zèbres, hippopotames, girafes, antilopes et autres animaux de la savane.

Les températures sont agréables, les journées ensoleillées et nous sommes reconnaissants de la chance que nous avons de vivre ces moments précieux, accompagnés par Jean-Pierre, grand connaisseur et mémoire vivante de son pays.

Pendant ce temps, à Kagina, la ferme avance et se construit quasiment sous nous yeux. Du manioc est déjà en culture et plus tard d’autres légumes seront plantés. Nous prenons également des nouvelles des enfants parrainés et de leur famille, nous évaluons les besoins et les améliorations que nous pouvons apporter pour un développement optimal du village.

Nous ne pouvons pas repartir sans une dernière visite aux habitants de Kagina qui pour l’occasion ont préparé une cérémonie officielle.

Discours, poèmes des enfants, remerciements et photo de groupe devant la ferme qui accueillera bientôt chèvres et poules.

Derniers adieux, derniers regards, dernier souper chez Jean-Pierre et Odette et il sera bientôt temps de rentrer en Suisse.

On ne revient pas indemne du Rwanda, ce pays qui a vécu l’horreur mais qui a su s’en relever et en faire une leçon de vie qui nous dépasse, ce pays magnifique qui allie tradition et modernité, ce pays qui nous a chaleureusement accueilli.e.s durant 12 jours et qui reste dans nos cœurs. Ce pays et plus particulièrement le village de Kagina qui compte beaucoup pour nous et avec lequel nous sommes étroitement lié.e.s.

Notre séjour au Sénégal – octobre 2021

Après des mois de pandémie et de restrictions, quel bonheur de pouvoir à nouveau voyager et aller à la rencontre de nos associations partenaires.

Le Covid n’est pas encore tout à fait de l’histoire ancienne.

C’est pleines d’enthousiasme et chargées de dizaines de kilos de bagages à distribuer sur place que nous – Magali, Céline, Sylviane, Valérie et sa fille Miliane – atterrissons au Sénégal le 11 octobre 2021.

Nous logeons juste à côté de la toute jeune association La Joie des Enfants et sommes accueillies par les chants et les sourires des enfants talibés.

Dans ce centre, les enfants reçoivent des soins, un petit-déjeuner par semaine, un repas toutes les 2 semaines, des douches et, quand il y en a, des vêtements propres. Ils y trouvent aussi beaucoup d’amour et de gaieté, ils y jouent, dessinent, chantent, encadrés par une équipe jeune et dynamique. Les responsables se rendent également dans les daaras pour prodiguer des soins, donnent des cours d’alphabétisation et de renforcement scolaire aux enfants talibés mais également aux enfants du quartier.

Durant les dix jours de notre séjour, nous partageons notre temps à rencontrer les trois associations que nous soutenons à Mbour et à rendre visite aux nombreuses personnes que nous connaissons sur place.

Pour une Enfance Sénégal

Au moment de notre arrivée ce matin-là au centre Pour une Enfance Sénégal, les nombreux bénévoles s’activent à l’accueil des enfants et à la distribution des petits-déjeuners.

Les enfants font la queue pour le petit-déjeuner.

Nous passons par les douches, l’école, l’infirmerie où nous retrouvons avec bonheur l’infirmier Amara, qui comme à l’accoutumée et secondé par de jeunes bénévoles, soigne les petites et grandes blessures que la vie dans la rue inflige aux enfants.

Un peu de crème pour le corps après la douche
Pain tartiné et thé.

Jules nous emmène au premier étage du nouveau bâtiment où les responsables envisagent de construire une salle dédiée à la formation de couturiers. Un beau projet qui a du sens et dans lequel nous pourrions nous impliquer.

Durant cette visite, nous rencontrons Aude, mandatée pour un audit et qui séjournera durant 3 mois à Mbour pour observer le fonctionnement du centre. C’est un plaisir d’échanger avec elle, d’écouter ses observations et ses idées.

Nous sommes ravies de voir comme le centre fonctionne bien et toutes les choses qui ont été mises en place pour le bien-être des enfants.

Nous y croisons aussi Nogoye, qui travaille à Pour une Enfance mais qui est également la présidente de la nouvelle association Pour l’Avenir des femmes et leurs enfants. Avec son mari Marc, ils nous expliquent leurs actions qui visent à soutenir des femmes en grandes difficultés qui peinent à nourrir leurs enfants. Rendez-vous est pris pour se rendre chez eux afin d’en apprendre davantage.

Il fait chaud à Mbour en octobre

Entretemps, et malgré une chaleur et une humidité écrasantes, nous sommes heureuses de retrouver les rues de Mbour qui nous deviennent familières, les marchés colorés et animés, l’océan tout proche… Les repas sur la plage ou chez nos amis rythment également nos journées et nous imprègnent encore un peu plus de la teranga sénégalaise.

Au marché aux poissons
Chercher un peu la fraîcheur au bord de l’océan.

La Joie des Enfants

Dans ce tout jeune centre, les matinées sont souvent consacrées aux soins, sur place ou dans les daaras. Samba, le président, a réussi grâce à beaucoup de diplomatie à avoir ses entrées dans quelques daaras. Nous l’accompagnons afin de prodiguer des soins aux enfants qui souffrent de diverses blessures et maladies cutanées.

C’est le cœur serré que nous découvrons les conditions de vie des enfants talibés, entassés pour dormir sous un couvert où la chaleur est insoutenable en cette période. Il n’y a pas de toilettes ni de douches. Le sol est jonché de déchets, les odeurs parfois très fortes.

Les enfants se lèvent très tôt pour apprendre le Coran puis partent mendier dans la rue. Des conditions que nous connaissions mais qui prennent une toute autre dimension en les découvrant de nos propres yeux.

L’apprentissage du Coran.

Nous soignons des petits couverts de gale avec cette impression que ce sera sans fin : en effet, dormir serrés les uns contre les autres est propice à la propagation de cette maladie.

Le jeudi suivant, nous sommes réquisitionnées puisque chaque jeudi est un grand jour à la Joie des Enfants : ils y reçoivent un petit-déjeuner financé par Espoir pour Eux, chantent au rythme des djembés, s’amusent et retrouvent pour un temps une vie d’enfant.

Le petit-déjeuner

De plus aujourd’hui, comme toutes les deux semaines, un grand repas est organisé pour les talibés. Des dames sont là pour aider l’équipe et préparer les ingrédients que nous avons achetés au marché la veille. Après avoir coupé les légumes et aidé à la préparation du repas, il faut doucher, changer et soigner les enfants. Puis ce sont plus de 200 talibés qui partagent un thiéboudiène, un repas particulièrement apprécié et la garantie qu’ils auront rempli leurs petits estomacs aujourd’hui au moins.

Pour l’Avenir des femmes et leurs enfants

C’est aujourd’hui que nous avons rendez-vous chez Marc et Nogoye pour le repas de midi. L’occasion qu’ils nous en disent plus au sujet de cette association qui aident des femmes – parfois très jeunes – souvent rejetées par leur famille et donc seules pour subvenir aux besoins de leur(s) enfant(s).

Marc, Nogoye, et une partie des femmes de l’association.

Une des formes d’aide est le micro-crédit: une petite somme est octroyée à une femme pour acheter un petit fond de commerce et vendre quelques légumes par exemple. Petit à petit elle rembourse son crédit en y ajoutant une petite somme qui permettra de financer le crédit d’une autre femme.

L’association fait aussi de l’aide d’urgence et Nogoye et Marc accueillent parfois chez eux des femmes qui n’ont plus de toit. Leur souhait est d’ouvrir une « Maison des femmes » où elles pourraient se reconstruire physiquement et mentalement en ayant de l’aide pour les soins à leurs enfants.

La maison est déjà trouvée mais pas le financement pour le loyer. Nous sommes heureuses d’annoncer à nos hôtes qu’Espoir pour Eux prendra à sa charge les 3’000 francs annuels nécessaires.

Baye

Baye est un adolescent de 15 ans dont nous avait parlé Amara. Atteint de kératocône, il perdait peu à peu la vue. Il n’allait plus à l’école et ne sortait plus de la maison. Nous avons trouvé en Suisse la fondation « Une chance, un cœur » qui a accepté de le faire venir chez nous et de lui faire une greffe de cornée. En ce moment donc, pendant que Baye se rétablit en Suisse, nous rendons visite à sa famille à Mbour.

Avec Amara tout à droite et la maman de Baye à côté de lui, qui est atteinte de la même maladie et n’y voit presque plus.

Les Cajoutiers

L’internat les Cajoutiers accueille des enfants sourds, placés par leurs parents. C’est François, que nous connaissons depuis qu’il travaillait à Pour une Enfance, qui en est le responsable. Nous sommes heureuses de le voir et de rencontrer Bruno qui travaille avec lui.

C’est les vacances mais il faut occuper les enfants qui, malgré leur grande autonomie et leur joie de vivre qui nous épatent, ont besoin d’un encadrement adapté. Alors nous proposons nos services pour les accompagner à la mer et faire des jeux avec eux.

Il est déjà temps de penser au retour

De centre en centre, de visites en visites, de rencontres en rencontres, nos journées s’écoulent rapidement. Encore quelques achats au marché, quelques cadeaux reçus, des sourires échangés, des remises de diplômes et c’est l’heure de charger nos affaires et de monter dans le bus sous les adieux des enfants.

Chez Jules (tout à droite), avec Amara
Avec l’équipe de le Joie des Enfants, quelques minutes avant le départ.

Il y a tant à faire pour aider les enfants talibés. Nous n’avons malheureusement pas d’impact sur cette habitude culturelle qui nous choque et nous attriste terriblement, si ce n’est celui de soutenir les centres qui les accueillent.

C’est emplies de cette conviction et le cœur plein d’émotions contrastées que nous reprenons le chemin vers la Suisse.

Voyage au Sénégal au printemps 2018

Nos familles étant régulièrement sollicitées lors de nos diverses manifestations en vue de récolter de l’argent, il nous semblait naturel de les convier au voyage d’Espoir pour Eux. Le choix de la destination s’est porté sur le Sénégal, le pays le plus proche.

Au rythme des différentes arrivées (entre le 30 mars et le 3 avril) et des retours échelonnés (du 7 au 12 avril), nous avons été tantôt 22, tantôt 26, tantôt 30 et pour finir plus que 10 à vivre cette magnifique aventure humaine.

Notre voyage a commencé bien avant le jour du départ avec la récolte du matériel. En effet, nous souhaitions profiter au maximum de l’opportunité qui nous était donnée d’amener un maximum de choses sur place, sachant que nous avions droit à 46 kilos de bagages en soute par personne, plus un bagage à main. Ce ne sont donc pas loin de 1’300 kg de vêtements, matériel médical, médicaments, lunettes, équipements de foot et autres ballons que nous avons récoltés avant notre départ.

Passés le voyage, les interminables formalités de douane à l’arrivée à l’aéroport, l’accueil chaleureux de Jules (responsable du centre Pour une Enfance Sénégal) et un accident de bus heureusement sans gravité, nous avons rejoint notre hôtel à M’bour, dans lequel nous occupions la majeure partie des chambres.

Notre première tâche a été d’ouvrir nos innombrables valises et d’en trier le contenu afin de répartir les différentes choses entre les deux centres d’enfants talibés, à savoir Les Gônes de Mbour et Pour une enfance Sénégal.

Notre séjour, compte tenu de son aspect familial, a été sensiblement différent du précédent. Il nous semblait à tous essentiel de partager notre temps entre travail dans les centres et découverte du pays et de ses habitants.
Au centre Pour une Enfance, beaucoup de soins médicaux ont été prodigués par certains d’entre nous dans l’infirmerie d’Amara, ceci plusieurs matinées durant le séjour.

D’autres ont trié et rangé vêtements et matériel médical ou ont donné un coup de main en classe d’alphabétisation.

Très vite, nos adolescent-e-s sont partis dehors organiser une partie de foot avec les enfants talibés. Pas toujours simple de reconnaître qui est dans son équipe, mais le ballon rond joue toujours son rôle rassembleur.

A l’intérieur, sous l’œil bienveillant et affûté de Maguette et Nogoye, les deux employées sénégalaises, et avec l’aide des bénévoles (qui par chance sont nombreux) venus soutenir l’équipe, ce sont entre 120 et 150 enfants qui bénéficient d’un petit déjeuner et de soins médicaux chaque jour. On a beau le savoir, on a beau croiser beaucoup de sourires espiègles, la vue des blessures (souvent des coups infligés par les maîtres coraniques), des habits en lambeaux, de ces petits épuisés au regard perdu reste toujours aussi choquante et renvoie à un terrible sentiment d’injustice et d’impuissance.

En collaboration avec les responsables et grâce à un groupe de dames qui a cuisiné durant toute une matinée, nous avons pu offrir un plat sénégalais aux enfants. La rumeur s’est vite répandue, et ce sont 300 ventres affamés qui attendaient dans la cour dans une joyeuse cohue. Comme par un coup de baquette magique, presque instantanément, ils ont été rassemblés par petits groupes de 10 et ont reçu un plat de riz, poulet et sauce aux légumes qui a été dévoré en quelques minutes.

Nous avons également offert nos services au centre des Gônes, tenu par Mariama et ses quatre employées sénégalaises. Un matin, et ce n’est pas rare, ce sont 789 enfants qui y sont passés pour recevoir un petit-déjeuner, dessiner et regarder des livres. Pourtant, grâce à une organisation millimétrée, un grand calme règne dans la salle. La majorité des enfants connaît le fonctionnement, depuis le lavage des mains à l’extérieur jusqu’à la file d’attente pour recevoir sa boisson et son pain tartiné de Vache qui rit, en ayant au préalable déposé son bol de mendicité à la consigne. On comprend rapidement que nous ne serons pas de trop! Si l’on a un peu de temps, c’est l’occasion de dessiner avec les enfants. Un plaisir tout simple qu’ils apprécient énormément, un instant de paix rare dans un quotidien sordide, fait de mendicité, d’errance, de coups parfois, de rejet souvent. Nos enfants savent se rendre utiles, s’assoient avec les talibés, arrosent le jardin, donnent un coup de main en cuisine. Une leçon de vie pour eux, pour nous aussi.

Notre séjour s’articule également autour de diverses visites. De l’île de Gorée, qui nous rappelle l’histoire atroce de l’esclavage, au Lac Rose, du marché en brousse au Sine Saloum, de la réserve de Bandia à La Somone en passant par le désert de Lampoul et les dédales du marché de M’bour et ses marchands jamais avares de négociations, notre joyeuse équipe découvre le pays de la teranga (l’hospitalité en wolof, la principale langue du pays) et ses habitants. Des moments de partage, des fous rires, un mélange d’émotions qu’il fait bon partager et se remémorer ensemble le soir de retour à l’hôtel.

Que d’expériences vécues et de souvenirs pour tous! Notre volonté de travailler tous ensemble, avec les responsables sur place, pour améliorer le quotidien de ces enfants n’en est que renforcée.

Voyage au Sénégal du 10 au 18 octobre 2016

Au retour du Rwanda en octobre 2015, il avait déjà germé dans la tête et surtout dans le cœur des membres du comité d’Espoir pour Eux le désir d’un nouveau voyage, au Sénégal cette fois.
Et c’est ainsi qu’une année plus tard, nous sommes neuf à nous envoler pour Dakar, flanquées d’immenses valises et d’un enthousiasme à toute épreuve!

Quelques heures plus tard, le Sénégal nous accueille, avec sa chaleur écrasante mais surtout avec Demba et la chaleur de son sourire, notre ami rencontré six ans plus tôt. Il sera notre guide durant tout le séjour et nous conduit jusqu’à notre auberge à Mbour. Les paysages défilent; c’est la fin de la saison des pluies, ce qui explique l’herbe sur les bords de routes, les feuilles des baobabs, mais surtout cette humidité qui étouffe, colle, et ne vous lâche jamais. Ne manquaient plus que les moustiques qui nous accueillent avec empressement.

Lors de cette première soirée, nous rencontrons également Charline, co-responsable du centre Pour une Enfance Sénégal, qui partage notre joie d’offrir à Demba une guitare ramenée de Suisse.

Durant notre séjour, nous partagerons notre temps entre les deux centres que nous soutenons au Sénégal. Tous deux sont des centres de jours qui accueillent des enfants talibés, le temps d’un petit déjeuner, d’une douche parfois, de jeux ou d’une petite sieste. Nous passons une bonne partie de cette première soirée à vider nos valises de vêtements, médicaments, pansements et autre matériel de soin et à les trier selon les besoins.

Le lendemain matin, nous rencontrons Mariama Louka, responsable du centre des Gônes de Mbour. Elle y accueille quatre fois par semaine les enfants talibés de 8h30 à midi, aidée de deux Sénégalaises et de bénévoles quand elle a la chance d’en avoir. Au centre règne une organisation millimétrée qui a fait ses preuves, car ce sont parfois plus de 500 enfants qui se pressent le ventre vide derrière le portail. Ces garçons, certains d’à peine plus de 3 ans (jusqu’à 18 ans) ont été confiés par leurs parents à des marabouts pour leur enseigner le Coran dans des conditions de vie dures qui sont censées leur apprendre la vie et les préparer à leur avenir d’homme. La plupart du temps, ils doivent mendier pour trouver leur nourriture et diverses aumônes qu’ils ramèneront le soir à leur maître coranique: argent, sucre, riz… Beaucoup sont punis, souvent battus, s’ils ne s’acquittent pas de leur mission. La plupart vivent dans des conditions épouvantables, dorment à même le sol, ne mangent pas à leur faim, sont sales, ont froid en hiver, sont parfois violentés par les plus grands.

Nous passerons plusieurs matinées à aider Mariama. Notre aide est la bienvenue: puisque nous sommes nombreuses, c’est l’occasion de sortir les jeux de société et c’est dans une joyeuse excitation que nous ferons d’inlassables parties de Memory, de loto et autres dominos. Difficile parfois de calmer les ardeurs de ces petits qu’une simple paire de Memory remplit de joie. Leurs yeux pétillants, leurs petites mains agiles, leur bousculades nous rappellent, si besoin était, que ce sont des enfants comme les autres: les mêmes besoins, les même envies, les mêmes éclats de rires, les mêmes larmes que la dureté de la rue a pourtant rendues plus rares.

Le jeudi, c’est jour de douche aux Gônes de Mbour, un moment bienvenu dans cette chaleur humide qui ne laisse aucun répit. Après le traditionnel lavage de mains à l’extérieur du centre, les enfants déposent leur bol de mendicité à la consigne et reçoivent un numéro à mettre autour du cou. Puis ils font la queue pour se servir d’un petit déjeuner: un morceau de pain, parfois une portion de Vache qui rit ou une demi-banane, une boisson. Ils vont sagement s’asseoir aux tables prévues à cet effet. Mariama n’est jamais loin et jette toujours un œil, sévère au besoin mais toujours bienveillant, sur ses petits protégés. Ensuite, assis sur un banc, un morceau de savon à la main, ils attendent leur tour pour la douche. Plus tard, pour ceux qui ont envie de traîner un peu, les tables de dessins ou le coin lecture les attendent. D’autres jouent au foot dehors, pour autant qu’un bénévole soit disponible pour les surveiller. L’infirmerie est aussi ouverte aussi souvent que possible pour soigner les blessures de la rue ou des mauvais traitements, les brûlures et maux divers. Vers midi trente, les derniers s’en vont retrouver la rue et ses aléas.

Au centre Pour une Enfance Sénégal, les enfants sont accueillis du lundi au vendredi. S’ils sont moins nombreux, entre 60 et 120 par jour, leur réalité reste la même, leurs besoins identiques, leurs souffrances aussi fortes. Au centre, l’accent est mis sur les soins médicaux, un infirmier étant présent chaque matin; cependant les enfants peuvent aussi profiter d’un petit déjeuner (un morceau de baguette tartiné au beurre et un verre de thé) et ont la possibilité de dessiner, de lire, de jouer au foot et de se reposer. Une classe d’alphabétisation est également ouverte les jeudis et vendredis où une trentaine d’élèves de niveaux scolaires très différents ont l’opportunité d’améliorer leurs connaissances de base. Le centre fourmille de projets: la construction d’un four à pain qui permettra de nourrir les enfants à moindre coût et de vendre le surplus aux familles alentour, l’élaboration d’un jardin pédagogique, la construction de sanitaires et d’un réfectoire.

Durant notre séjour, chacune de nous met ses compétences au service des centres, soit en préparant les petits déjeuners ou en apportant des soins médicaux, soit en donnant une leçon en classe ou en jouant avec les enfants. Une aide qui soulage les responsables mais surtout qui nous immerge dans une réalité quotidienne et nous rend admiratives de ces personnes qui jour après jour mettent toute leur énergie à aider les enfants, en se heurtant aux traditions immuables, aux injustices récurrentes, aux limites financières, à la fatigue…

Notre voyage touche à sa fin; entre notre présence aux centres, les invitations à partager un délicieux tiéboudiène (riz au poisson), la découverte de l’arrivée de la pêche, il nous reste juste un peu de temps pour quelques achats, une matinée dont Demba se souviendra longtemps, quand accompagné de neuf femmes en quête d’artisanat à revendre en Suisse, il nous a guidées à travers un marché de Mbour.

«Enfants talibés,

Vous n’avez rien demandé, vous subissez la loi des adultes: de vos parents d’abord, qui ont décidé, souvent poussés par la pauvreté, de vous envoyer dans des écoles coraniques parfois situées à des milliers de kilomètres de chez vous, des maîtres coraniques ensuite qui ont pouvoir de vie ou de mort sur vous, de tous ces hommes et ces femmes encore que vous côtoyez quotidiennement dans l’indifférence, et des plus grands qui vous frappent, vous volent, vous maltraitent.
Vous n’avez rien demandé, mais vous avez faim, vous avez mal, vous avez froid, vous avez peur; cependant vous ne vous plaignez pas. Les petits laissent parfois couler leurs larmes, mais la rue endurcit et les larmes se tarissent.
Vous n’avez rien demandé, mais alors qui prend soin de vous? Qui vous protège? Qui vous aime?
Pourtant vous n’êtes que des enfants, c’est ce que nous avons constaté en jouant et riant avec vous dans les centres, ces havres de paix où pendant quelques heures on vous rend votre enfance volée et où se rallume cette flamme dans vos yeux.
En vous quittant, nous avons le cœur serré, l’impression de vous abandonner encore une fois. Heureusement, chaque jour, des personnes, sénégalaises, françaises ou autres travaillent à améliorer votre quotidien, dans les centres mais aussi chez l’habitant où certains d’entre vous reçoivent des repas. Alors même si ce ne sont que des gouttes d’eau, de petites oasis de paix que nous pouvons vous offrir, nous continuerons à nous préoccuper de vous en soutenant Les Gônes de Mbour et Pour une enfance Sénégal.
Serigne, Omar, Ahmadou, Cheikh et tous les autres….on ne vous oublie pas.»

Voyage au Rwanda du 30 septembre au 10 octobre 2015

Un peu d’appréhension pour certaines, un enthousiasme débordant pour d’autres, une excitation palpable mais surtout une motivation sans faille, c’est toute une palette de sentiments qui animent les 8 membres (sur 10) du comité d’Espoir pour Eux ce matin du mercredi 30 septembre à l’aéroport de Bâle.

En effet, c’est le grand jour! Laissant nos familles pour 10 jours, chargées de 450 kg de bagages – nos affaires personnelles tenant dans un petit sac à dos – nous embarquons pour Kigali, capitale du Rwanda, où nous sommes attendues par Jean-Pierre Sagahutu, notre indispensable contact rwandais.

Notre premier regard se pose étonné sur une ville moderne, aux routes impeccables et aux constructions modernes. Le Rwanda, ce petit pays au centre de l’Afrique, est en effet en plein essor économique. Nous nous rendrons rapidement compte qu’il n’a pas atteint tout le pays et qu’en périphérie de la ville et surtout dans les campagnes règne encore une grande pauvreté.

Très vite, nous brûlons d’impatience de rencontrer les personnes que notre association soutient et nous nous rendons à la coopérative de femmes Kora Mubyeyi. Dans un tout petit local au bord de la route, plusieurs femmes sont regroupées. Certaines cousent à la machine, d’autres fabriquent des perles qui serviront à confectionner des bijoux. C’est important pour nous de les voir au travail, de les rencontrer. La majorité d’entre elles parlent le kinyarwanda, mais qu’importe, les gestes et les sourires permettent le contact et nous nous sentons chaleureusement accueillies. Notre but est également de leur acheter beaucoup d’artisanat afin de pouvoir le vendre en Suisse. Des centaines de bijoux, des pantalons, corbeilles et autres sacs leur sont commandés. Nous passerons les chercher à la fin de notre séjour. 

Le second point d’orgue de notre voyage est Kagina, le village de Pygmées qu’Espoir pour Eux soutient. Après une heure de trajet dont la majeure partie sur une piste aux ornières béantes, nos deux véhicules arrivent dans un petit village aux maisons en briques de terre et toits de tôle. Quelques personnes arrivent à notre rencontre – c’est vendredi, beaucoup d’enfants sont à l’école – et pour plusieurs d’entre nous, c’est un premier contact avec cette pauvreté dont on parle tant mais qui ici nous saute aux yeux et au cœur! Des petits aux vêtements en lambeaux et aux pieds nus, des adultes parfois très maigres, mais aux sourires éclatants nous saluent. Les enfants sont curieux, certains n’ont jamais vus de «Bazungus» (Blancs). Ils veulent qu’on les prenne en photos et rient de se voir sur l’écran.

Cette première visite à Kagina est pour nous l’occasion de rencontrer les membres d’une coopérative qui s’est créée suite à l’achat d’un moulin à céréales que nous avons financé, une opportunité pour les villageois de générer un petit revenu. Le moulin est installé, protégé par une maisonnette. Malheureusement il ne fonctionne pas: le dernier raccordement électrique n’a pas encore été effectué. Ce sera notre challenge: nous voulons voir le moulin fonctionner avant notre départ!

Nous profitons de notre présence sur place pour faire aboutir un de nos rêves: construire une place de jeux pour les enfants. Nous achetons un terrain à un particulier et demanderons en ville des devis pour les balances, le tourniquet et le toboggan.

Avant de partir, nous déchargeons dans un local du village des montagnes de vêtements et chaussures qui seront distribués ultérieurement.
Sur le chemin du retour nous rendons visite à la responsable du secteur pour tenter de faire pression et obtenir l’autorisation d’effectuer les derniers raccordements du moulin.

Le dimanche suivant, après avoir assisté à la répétition de la chorale pour le culte, un moment qui en a ému plus d’une, tant par la beauté des chants que par l’enthousiasme et la ferveur des chanteurs et de l’assemblée, nous reprenons la route de Kagina. Où nous sommes cette fois attendues de pied ferme par des centaines d’enfants et leurs parents. Toutes ces petites mains qui nous agrippent, veulent nous toucher, tous ces regards qui nous interpellent, s’étonnent de la blancheur de notre peau, de nos cheveux différents, tous ces sourires qui nous font fondre, ces parents qui essayent de communiquer avec nous, nous font vivre des émotions intenses. La foule est immense, la chaleur oppressante, l’instant hors du temps.

Nous photographions chaque enfant parrainé, lui remettons une petite lettre de son parrain ou de sa marraine et l’emmenons à l’intérieur pour l’aider à choisir une paire de chaussures, un pull ou un t-shirt et un short ou un pantalon. Malheureusement, il y a des centaines de familles à Kagina et nous n’en avons pas pour tout le monde. Nous sommes tellement désolées devant les mamans déçues ou en colère qui n’ont rien reçu pour leurs enfants.

Nous avons droit à une démonstration de danses traditionnelles – magnifiques – que la pluie viendra interrompre. C’est à l’abri que nous chanterons en cœur avec des dizaines de petits et grands une chanson de chez nous: «Ah les crococos, les crococos, les crocodiles…». Instants magiques!

Au cours de nos différents déplacements, nous nous imprégnons des images de ce magnifique «pays des mille collines». Un pays de grands lacs, de petits lopins de terres cultivés, de volcans, de collines verdoyantes. Le long des routes, les gens marchent, tantôt pour aller au travail ou à l’école, pour transporter sur leur tête de la canne à sucre, de l’herbe ou tout autre objet incongru tel un congélateur ou un lit, tantôt pour conduire des chèvres ou aller chercher de l’eau au puits, tâche qui incombe souvent aux enfants, même très jeunes, et que l’on croise portant de lourds jerricanes. D’autres vont à vélo, faisant office de taxi ou charriant d’énormes sacs de choux à l’équilibre précaire ou des colonnes de carottes. Des voitures circulent aussi sur les grands axes routiers en bon état.

Nous avons la chance d’avoir avec nous Jean-Pierre, qui nous explique le Rwanda, la manière de vivre de ses habitants. Il est à la fois notre guide, notre traducteur et notre ami.

Il nous explique aussi le génocide, incontournable quand on est au Rwanda. C’était il y a seulement 20 ans (en 1994). Nous visitons le Mémorial à Kigali, qui relate les événements, l’horreur des massacres, l’injustice et la douleur, mais aussi l’extraordinaire volonté du peuple rwandais à s’en sortir, à stopper la spirale de la violence et de la vengeance, à avancer et surtout à tout faire pour que ceci ne se reproduise jamais. Une extraordinaire leçon de vie…

La veille de notre départ, nous tenons à tout prix à finir le raccordement du moulin de Kagina. Une longue journée commence alors. Nous passons à la société d’électricité prendre un technicien, puis achat du matériel en ville, puis attente d’un deuxième technicien et départ pour Kagina. Pendant que les ouvriers se mettent au travail nous visitons l’école, étape indispensable de notre voyage. Elle est à 4 km pour nos protégés et accueille des enfants de tous les villages voisins. Pour tous ces écoliers, elle est la chance de pouvoir plus tard accéder à un métier qui les fera vivre dignement. Nous sommes ravies de voir que les enfants y étudient dans de bonnes conditions.

De retour au moulin, tout semble prêt à fonctionner. Manque juste un code que nous transmettrons au chef du village. Nous faisons donc nos adieux, un énorme pincement au cœur, l’émotion au bord des lèvres. Mais à peine redescendues, un problème nous oblige à remonter et c’est donc en direct, à la nuit tombante, que nous entendons vrombir le moteur pour la première fois, entourés de tous les villageois. S’en suit une hola générale, des cris, des rires, des applaudissements. Et c’est dans cette bonne humeur générale que les enfants autour de nous commencent à chanter et danser en nous tenant par la main dans le crépuscule de Kagina. Un souvenir inoubliable.
Le 10 octobre, notre voyage touche à sa fin. Nous retournons à la coopérative Kora Mubyeyi chercher l’artisanat commandé. Elles ont beaucoup travaillé ces dames et c’est les bras chargés que nous prenons congé de ces femmes courageuses et désireuses d’offrir un avenir meilleur à leurs enfants.

Rwanda, tu nous auras marquées, tu auras toujours une saveur particulière pour nous huit. Tu as été la première destination de notre comité presque au complet. Nous avons ri, pleuré; nous avons été à la rencontre de ton peuple, mais aussi à la rencontre de nous-mêmes. Nous avons mis des visages sur des noms, nous avons frémi devant ta pauvreté, nous nous sommes réjouies de ton développement. Nous avons admiré tes beautés, nous avons été bouleversées par ton passé et par ta force à en découdre. Tu nous as émues, tu nous as fait vibrer, tu nous as appris beaucoup, tu as décuplé – si besoin était- notre motivation à continuer nos actions et à offrir au plus grand nombre d’enfants possible l’espoir d’une vie meilleure.